Le 17 décembre 2008
Lettre envoyée aux ministres, chefs des partis d’opposition et députés.
Je vous écris au nom du Consortium canadien pour la recherche (CCR) afin de demander que la recherche et l’innovation soient considérées comme des éléments importants dans la préparation du prochain budget du gouvernement et qu’elles fassent partie intégrante de tout programme de stimulation mis de l’avant pour renforcer l’économie du pays.
Le CCR est le plus important organisme au pays dont les préoccupations premières sont le financement de la recherche dans tous les secteurs et le soutien à l’éducation postsecondaire. Créé en 1976, le CCR se compose de 18 organismes représentant quelque 50 000 chercheurs et chercheuses et 400 000 étudiants et étudiantes dans toutes les disciplines au Canada. Ces personnes évoluent dans les universités, les laboratoires du gouvernement et les centres de recherche du secteur privé.
Notre pays se trouve présentement devant le pire repli économique depuis la grande dépression. Il est essentiel que le gouvernement réexamine les hypothèses budgétaires et envisage des mécanismes novateurs et efficaces pour investir de façon dynamique dans notre économie et notre avenir.
La recherche et l’innovation sont les équivalents modernes des grands projets d’infrastructure des années 30. Dans l’économie mondiale du savoir, les pays qui réussiront à surmonter la crise actuelle sont ceux qui adopteront des programmes d’investissement qui non seulement procureront un rapide stimulant économique, mais qui comporteront aussi des éléments de recherche et d’innovation.
La recherche fondamentale en physique subatomique a mené à l’Internet qui est aujourd’hui omniprésent dans nos vies et à la base même du commerce électronique et de la compétitivité mondiale. Plus récemment, une puissante technologie de compression de la parole mise au point à l’Université des Sherbrooke est devenue un élément essentiel du logiciel utilisé dans plus d’un milliard de téléphones cellulaires à travers le monde, rapportant des millions de dollars en redevances à ses auteurs, chaque année, et entrainant la création de deux sociétés dérivées. La recherche au Canada a donné lieu à l’émergence sur les marchés internationaux d’entreprises comme Research in Motion et Open Text Corporation. Ces entreprises sont à l’origine de milliers d’emplois directs et indirects, ici au pays, et réinvestissent chez nous pour créer des instituts de recherche et des possibilités avant-gardistes pour la formation de nouvelles générations de Canadiens hautement qualifiés.
Sur le marché international, la commercialisation de nouveaux produits et services est de plus en plus liée à la compréhension du comportement humain et de sa diversité. Des sociétés mondiales comme Xerox et Nokia ont recours à la recherche sociale et anthropologique pour examiner leurs produits, améliorer le service à la clientèle et guider le développement de nouvelles générations de technologies et de caractéristiques de produits.
L’investissement dans la recherche a un effet direct et immédiat sur tous les secteurs et dans toutes les collectivités au Canada. La recherche de haut niveau requiert l’embauche d’étudiants universitaires de tous les cycles, de techniciens de laboratoire, de boursiers de recherches postdoctorales ainsi que de personnel spécialisé en statistiques et en technologies de l’information. Elle nécessite également la création d’installations de pointe et l’achat de biens et services pour leur permettre d’accomplir leur travail. Les subventions de recherche, qui servent à payer les salaires, à construire des laboratoires de calibre mondial et à obtenir du matériel scientifique, ont un impact direct et marqué partout au pays, en générant de l’activité économique et des revenus fiscaux. L’augmentation du financement de tous les conseils subventionnaires du Canada aura un effet direct et immédiat sur la création de nouveaux emplois et sur la durabilité économique des collectivités canadiennes.
L’augmentation du financement aux programmes qui aident nos industries à être concurrentielles, comme le Programme d’aide à la recherche industrielle (PARI), aura le même effet positif. En plus des avantages économiques immédiats provenant de la création d’emplois, les programmes de recherche offrent des occasions pour former de nouvelles générations d’experts et de personnel hautement qualifié qui s’ajoutent à la main-d’œuvre active canadienne et apportent d’importantes contributions pour l’industrie, l’économie et la société.
Bien que la situation économique difficile puisse suggérer le besoin de restreindre le financement ou de concentrer l’investissement vers des projets plus traditionnels, il faut comprendre qu’une réduction au soutien à la recherche — ne serait-ce que temporaire — aura un impact sur l’avenir de l’économie et sur la capacité de recherche et d’innovation du Canada dont il faudra des années à se remettre.
Le Canada se doit de reconnaitre l’importance du potentiel et des occasions que produit le réinvestissement stratégique dans notre capacité d’innover, de commercialiser de nouvelles idées et de favoriser le progrès social. Notre capacité nationale de produire de nouvelles idées et d’appuyer la recherche scientifique est la pierre d’assise pour la création des industries et des institutions qui permettent de soutenir et de faire avancer l’économie et la société. Il s’agit là des éléments fondamentaux qui continueront de définir le Canada comme un partenaire de l’économie mondiale et un chef de file parmi les nations démocratiques.
Nous espérons pouvoir donner suite à nos recommandations au moyen de rencontres et d’entretiens supplémentaires.
Veuillez agréer, monsieur le ministre, l’expression de nos sentiments distingués.
Jody Ciufo, MBA
Présidente, Consortium canadien pour la recherche
et Directrice générale, Fédération canadienne des sciences humaines
Nom: Jody Ciufo
Numéro de téléphone: 613-238-6112, ext 306
Courriel:jciufo@fedcan.ca